L’organisation Todt
Fondée en 1938 par Fritz Todt, L’Organisation Todt (OT) est une organisation de génie civil et militaire du Troisième Reich. Elle a accompagné la montée d’Adolf Hitler au pouvoir dans tous ses grands projets d’urbanisme et d’infrastructures militaires. Cette organisation allemande sera celle qui exploitera le plus le travail forcé et le STO.
Fritz Todt est un personnage prépondérant du Troisième Reich quand on aborde l’ensemble des projets d’infrastructures et de construction réalisés pendant cette période de l’histoire allemande. Cet ingénieur, National Socialiste de la première heure (1922) va occuper plusieurs postes dès la montée au pouvoir d’Hitler jusqu’à devenir mandataire général pour la régulation de l’industrie du bâtiment (Generalbevollmächtigter für die Regelung der Bauwirtschaft). Il est nommé ministre du Reich pour l’Armement et les Munitions en 1940. Il meurt dans l’explosion de son avion le 8 février 1942, accident dont l’origine n’a jamais pu être déterminée de façon certaine. Il est aujourd’hui enterré dans une tombe anonyme du cimetière des Invalides de Berlin.
Un développement qui profite du chaos instauré par le régime Nazi
Lorsque Fritz Todt se voit confier le projet de construction des autoroutes allemandes, il y voit une belle opportunité de mettre en avant ses compétences d’administrateur. Il met en place un véritable conglomérat capable de concevoir et de diriger les vastes projets d’Adolf Hitler. Habile dans le choix de ses collaborateurs, déterminé à trouver sa place à côté du Fuhrer, il bâtit une véritable « machine de guerre » capable de traiter tout projet de Génie Civil d’ampleur dans le Reich.
Bien avant la guerre, Fritz Todt aura su profiter des luttes de pouvoir et d’influence encouragées par Adolf Hitler pour accroitre son influence au coeur du régime Nazi.
Les constructions de l’organisation Todt
Les fondations de l’organisation Todt sont posées entre 1933 et 1938. Fritz Todt, inspecteur général des routes allemandes, mène le vaste projet de construction des autoroutes allemandes, le projet Autobahn. Il s’appuie sur le Service du Travail Obligatoire du Reich (Reichsarbeitsdienst) pour trouver de la main d’oeuvre pour ses projets. Le Reichsarbeitsdienst etait une période de six mois rendue obligatoire à tout allemand juste avant de partir au service militaire (dès 1935).
Fritz Todt en 1940
Jusqu’en 1938, le programme Autobahn aboutit à construction de 3000km d’autoroute qui en font l’une des vitrines technologiques du Reich (bien qu’initiée sous la République de Weimar en 1926).
A partir de 1938 et la création officielle de l’organisation, les projets deviennent presque exclusivement militaires et concernent surtout la construction d’usines d’armement, de bases sous-marines et des fortifications intérieures ou de côte. Les programmes d’autoroutes sont réduits et en cinq années (1938-43) seules 1000km supplémentaires seront construits.
Face à la Ligne Maginot, il construit la ligne Siegfried dès 1939 mais en 1941 l’organisation se voit confier un projet d’une toute autre ampleur : le Mur de l’Atlantique. De la Norvège au Pays Basque français en passant par les îles anglo-normandes, le projet ira jusqu’à mobiliser la majorité des ressources du Reich (1944).
Après la mort de Fritz Todt, l’organisation prend en charge en 1943 un nouveau projet, ceux des V1 et v2 puis rapidement du v3. Ces « armes miraculeuses » (Wunderwaffen) seront suivies du projet Riese consistant à enterrer une partie de l’industrie militaire allemande dans la Basse-Silesie (actuelle Pologne) et notamment les raffineries.
Structure et personnel
Avec à sa tête Fritz Todt puis Albert Speer dès 1942, l’organisation est une « coquille vide » qui ne compte dans ses rangs que des fonctions de haut niveau, d’encadrement, d’études et de recherche/développement. L’ensemble s’organise suivant une discipline para-militaire, avec une hiérarchie affirmée et des uniformes spécifiques.
L’organisation utilise au départ des entreprises extérieures mais très rapidement elle va puiser sa main d’oeuvre dans le programmes du travail obligatoire allemand (1.750.000 jeunes allemands enrôlés et rémunérés entre 1938 et 1940). A partir de 1940, elle va recourir majoritairement aux étrangers contraints au travail, aux prisonniers de guerre volontaires et aux internés des camps de concentration.
En 1944, on comptera jusqu’à 1.400.000 ouvriers étrangers sur les chantiers de l’organisation TODT (travail forcé & STO). Le recours à une main d’oeuvre gratuite offerte par les programmes d’enrôlement du travail obligatoire et de la déportation sera la principale source de main d’oeuvre à la fin de la guerre.
A partir de 1940 et la nomination de Fritz Todt au poste de ministre du Reich pour l’Armement et les Munitions, l’organisation Todt fait totalement corps avec l’appareil d’état Nazi. Elle est officiellement rattachée au Ministère de l’Armement et des Munitions après la nomination d’Albert Speer à sa tête (1942).
Lorsqu’à la fin de la guerre le service du Travail Obligatoire allemand est transformé en service d’entrainement militaire, Albert Speer doit se priver d’une partie de sa main d’oeuvre. Le chef de l’organisation Todt a alors recours très massivement à l’ensemble des forces disponibles principalement des prisonniers de guerre et des travailleurs des pays occupés.
Organisation Todt en France
Comme ailleurs sur les territoires occupés, les entreprises allemandes travaillant avec l’organisation sous-traitent une partie des chantiers à des entreprises locales. Selon les statistiques obtenues après guerre ce seraient jusqu’à 1500 entreprises qui auraient collaboré volontairement ou de façon forcée à la construction avec l’organisation Todt en France. Lors de l’épuration d’après guerre, 457 entreprises de BTP furent touchées par des affaires de collaboration et une centaine condamnées.
L’occupant sait convaincre les entreprises et la main d’oeuvre locale. Ceux qui collaborent bénéficient de contrats juteux et de salaires très confortables.
En juin 1944, 300.000 ouvriers travaillent sur le Mur de l’Atlantique en France, dont environ 100.000 d’origine française.
Fin de la guerre
Alors que le débarquement à eu lieu, les chantiers s’arrêtent et les cadres de l’organisation Todt se replient vers l’Allemagne.
Leur chef Albert Speer sera jugé comme les autres dignitaires nazis au procès de Nuremberg en 1946. Il est condamné à vingt ans de prison et échappe à la peine de mort. Son rôle dans l’emploi de main-d’oeuvre puisée dans les camps de concentration et sa connaissance de la persécution des Juifs et de la Shoah furent reconnus.
Il purgera sa peine à la prison de Spandau à Berlin-Ouest.
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[…] Macron « quoi qu’il en coûte ». Missionnée par Adolf Hitler lui même, l’Organisation Todt a repris à son compte le productivisme à des fins militaires. Si comme tout système militaire, […]