Découverte du Mur de l’Atlantique

L’après crise 1929/1930 est très difficile pour les états européens qui se replient sur eux. L’Allemagne qui se réarme et la France qui se souvient encore des massacres de la première guerre mondiale commencent à déployer des lignes de défense le long de leurs frontières. En France la Ligne Maginot, du nom de son créateur, et en Allemagne la ligne Siegfried préfigurent ce qui sera l’aboutissement de la fortification de grande ampleur au XXe siècle : le Mur de l’Atlantique.

Le mur de l’Atlantique (Atlantikwall en allemand) est la dernière fortification moderne qui couvre de telles distances. Ce système défensif est un ensemble de fortifications côtières construites le long de la côte occidentale de l’Europe. Créé pour empêcher toute invasion depuis la Grande Bretagne il s’étend de la frontière franco-espagnole aux côtes hollandaises de la mer du Nord. Il a pour spécificité de ne pas être continu en dépit de l’objectif qui était fixé initialement par Adolf Hitler. La vision du « Mur » est avant tout celle de la propagande allemande.

Bien que ce dispositif couvre des milliers de kilomètres et d’autant plus si on compte les autres fortifications qui furent construite au Sud de l’Europe (SudWall), il n’est pas visible de l’Espace comme peut l’être la muraille de Chine.

La face sombre d’une organisation millimétrée

Au delà de ces nombreuses structures bétonnées qui ont modifié nôtre paysage côtier, le Mur de l’Atlantique est associé à un modèle d’organisation orienté autour du résultat, comme le dirait le président Macron « quoi qu’il en coûte ». Missionnée par Adolf Hitler lui même, l’Organisation Todt a repris à son compte le productivisme à des fins militaires. Si comme tout système militaire, il peut se justifier par la stratégie et l’organisation militaire, le Mur de l’Atlantique a du mal à cacher la face sombre du régime nazi où le travail forcé, la déportation et la répression politique ont pris une place prépondérante dans le développement de l’appareil militaire. Sans cet afflux de main d’oeuvre gratuite et corvéable, le Mur de l’Atlantique du 6 juin 1944 n’aurait jamais pu voir le jour avant des décennies. Au moment du débarquement, de nombreux ouvrages n’avaient été entamés ou terminés.

Espace patrimonial ?

Les générations d’après guerre ont associé pendant longtemps l’image du bunker du Mur de l’Atantique à l’horreur de l’occupation et de la déportation. Dès lors pas étonnant que pendant des décennies, les municipalités et l’Etat n’ont pas intégré ces ouvrages dans le patrimoine du XXe siècle qui devrait être préservé. Les ouvrages, souvent touchés par l’érosion des côtes et l’emprise nouvelle des stations balnéaires, furent souvent systématiquement détruits.

Progressivement, des voix se sont élevées, des recherches archéologiques et historiques ont été conduites par des passionnés. Ils ont favorisé la vulgarisation du Mur de l’Atlantique dans un contexte de mémoire et d’apprentissage. Il faudra attendre le XXIe siècle pour que véritables démarches publiques soient entreprises pour repositionner ces ouvrages dans un véritable contexte historique et culturel.

Visiter et découvrir le Mur de l’Atlantique

Mémoire visible de la seconde guerre mondiale, le bunker du Mur de l’Atlantique a du attendre la fin du XXe siècle pour trouver une part d’intérêt dans le grand public. Des films retraçant d’épopée des libérateurs ou des heures plus sombre de l’après guerre, ont permis de redonner de l’intérêt à ce patrimoine. Désormais, visibles ou non, ces vestiges sont désormais intégrés dans les parcours touristiques.

Partout en Europe, de nombreux groupes se sont lancés dans des défis d’exploration ou Urbex, une pratique dangereuse et risquée mais qui a pour mérite de mettre au jour l’étendue du décor. Ces explorations ont même permis dans certaines régions d’aboutir à des chantiers de rénovation puis une ouverture au public. Mais sans en arriver là, le promeneur curieux peut encore dénicher sur les plages, dans les forêts et même en agglomération de nombreux vestiges de cette époque qui pour certains sont librement accessibles (domaine public).

Le développement des journées européennes du Patrimoine a offert aux bunker-archéologues une possibilité évidente de vulgarisation qui a eu un relai notable dans la presse locale et nationale. Cette mise en lumière de ce patrimoine historique a favorisé la fréquentation des sites en dehors de ceux qui étaient déjà très connus (Plages du débarquement). Bien que l’urbanisation continue à grignoter les sites encore en place, désormais on peut compter sur de grands sites pour développer la connaissance du Mur de l’Atlantique et de son histoire : Grand Bunker d’Ouistreham (Calvados), au Musée Mémoire 39/45 de Plougonvelin (Finistère), la Base sous-marine de Lorient ou au Musée du Bunker Hopital des Sables d’Olonne. Ce ne sont que des exemples puisque partout en France (et en Europe) une partie de patrimoine est en cours de valorisation pour garantir un accueil plus sécurisé du public.

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